14 août 2010

Mesrine 1 & 2


Titres : L'Instinct de Mort ; L'Ennemi Public numéro 1
Réalisateur : Jean-François Richet
Avec : Vincent Cassel, Cécile de France, Gérard Depardieu, Ludivine Sagnier...
Date de sortie : 2008
Pays : France
Note : ♥♥♥♥

L'histoire de Jacques Mesrine (à prononcer "Mérine" si vous ne voulez pas l'énerver, apparemment), on la connaît : celle d'un homme qui, engagé dans les affaires criminelles depuis l'âge de 18 ans, est devenu l'Ennemi Public numéro 1, a braqué un nombre incalculable de banques et s'est évadé de prison à plusieurs reprises, avant d'être finalement assassiné par la police, le 2 novembre 1979. Il avait 43 ans.

Jean-François Richet, qui n'avait alors à son actif que deux films mineurs et inconnus, a décidé de raconter la vie de Mesrine en non pas un, mais deux films, de presque 2h30 chacun. Il s'appuie sur les deux autobiographies que Mesrine avait écrites lors d'un de ses (nombreux) séjours en prison, intitulés L'Instinct de Mort et Coupable d'être Innocent, et donne le rôle principal à Vincent Cassel, physiquement peu ressemblant mais qui, comme d'habitude, parvient admirablement à devenir son personnage.

Richet commence son film en nous disant qu'aucune œuvre de fiction ne peut prétendre reconstituer à l'exact la vie d'un homme. Pourtant, on a l'impression que le biopic se révèle extrêmement complet. Je ne connais quasiment pas la vie de Jacques Mesrine, mais quoi qu'il en soit, le réalisateur s'interdit de porter un jugement sur le personnage, le montrant tour à tour comme un anti-héros drôle et sympathique, et comme un homme violent qui met de force son revolver dans la bouche de sa femme. À nous de nous faire notre propre opinion...

...Opinion qui, pour ma part, se résume principalement à une bonne dose d'admiration. Bien sûr, Mesrine a commis des actes répréhensibles et non excusables ; mais les films nous montrent à quel point l'homme n'a peur de rien, a un grand sens de l'honneur, aide toujours ses camarades et, au fond, n'est pas si méchant que ça - et même franchement marrant dans la vie quotidienne, si l'on en croit le film. Ce gangster avide de reconnaissance publique et qui aurait aimé être vu comme un grand révolutionnaire suscite la même fascination que ses prédécesseurs, bandits célèbres à la John Dillinger. Du coup, quand la police le prend en traître et l'abat froidement, sans sommation, on trouve ça franchement dégueulasse.

Côté mise en scène, le film parvient admirablement à faire monter le suspense. Dès la toute première scène du premier opus, on nous plonge dans une ambiance oppressante et tendue, avec un montage en split screen (écran divisé en plusieurs parties) montrant simultanément, sous différents angles, la sortie de Mesrine et de sa copine Sylvie (Ludivine Sagnier) d'un immeuble, juste avant la mort de Mesrine.

Côté suspense, on retiendra principalement la séquence de L'Instinct de Mort où Mesrine, simplement armé d'une pince coupante, s'évade d'une prison québécoise ; pendant la demi-heure que durent les préparatifs puis l'évasion en elle-même, on est assis sur le bord de notre siège, osant à peine respirer. La musique (magnifique partition de Marco Beltrami et Marcus Trumpp) et le montage - tout en gros plans, regards angoissés et caméra subjective - créent une tension d'une intensité rare. De même pour la scène de fin du deuxième film, où même si l'on sait pertinemment comment elle va se terminer (la mort de Mesrine, annoncée dès le tout début du premier épisode), on n'est pas moins happé par le suspense.

Le casting est sans faute : Cassel joue à la perfection le rôle de Jacques Mesrine, adoptant le jargon typiquement "voyou" et livrant une interprétation subtile qui reflète bien la complexité du personnage - et parvient à rendre le criminel attachant. Cécile de France, méconnaissable,  incarne efficacement Jeanne Schneider, l'une des copines de Mesrine ; Mathieu Amalric est très bien choisi pour jouer le rôle de François Besse, un autre criminel qui fait équipe avec Mesrine, et est vite exaspéré par son comportement "grande gueule" et provoquant. Mention spéciale, enfin, à Gérard Depardieu, comme toujours excellent, incarnant ici le premier "patron" du jeune Mesrine tout juste revenu d'Algérie, Guido.

Les deux films se complètent tout en étant assez différents : le premier, plus film d'action, plus blockbuster, se concentre sur les jeunes années de Mesrine, entre filles, évasions spectaculaires et fuite incessante ; le second, plus intimiste, développe le personnage de Mesrine et en révèle les multiples facettes, s'attachant davantage à l'humain qu'au héros, et dévoilant les motivations moins connues de l'homme.

Une biographie complète et passionnante à voir absolument, tant pour la vie mouvementée de Jacques Mesrine que pour la mise en scène et les acteurs, grandioses.

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